samedi, juillet 08, 2006

Le Dandy


Pendant toute une journée d'automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j'avais traversé seul et a cheval, une étendue de pays singulierement lugubre, et , enfin, je me trouvai en vue des portes de la ville.
Je ne sais comment cela se fit, - mais au premier coup d'oeuil que je jetai sur ces portes , un sentiment d'insupportable tristesse pénétra mon âme.
Je dis insupportable, car cette tristesse n'était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l'essence poétique fait presque une volupté, et dont l'âme est géneralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur.
je regardais le tableau placé devant moi, et rien qu'a voir les batiments et les perspectives des ruelles qui s'élançaient, - les murs qui avaient froid, - les fenêtres semblables a des yeux distraits, j'éprouvais cet entier affaissement d'âme qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu'à l'arrière-rêverie du mangeur d'opium, - à son navrant retour à la vie journalière, à l'horrible et lente descente du voile.
C'était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines.

Quel était donc - je m'arrêtais pour y penser, - qu'étais donc ce je ne sais quoi qui m'enervait ainsi en contemplant le village d'Argentan ?

Je fus forcé de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante, qu'il existe des combinaisons d'objets naturels trés-simples qui ont la puissance de nous affecterde cette sorte , et que l'analyse de cette puissance gît dans des considérations ou nous perdrions pied.
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Elégant , raffiné, original , je donne le ton, et suis à ma place partout, me piquant du dernier raffinement en matière de goûts et de manières .

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

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»

10 août, 2006 16:15  

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