Marlowe's

Une volonté plus forte que la morale, inculquée lors de son enfance, le pousse à revenir à la Cour. Il y a peu, il n'avait fait que passer, sous son vrai nom, mais masqué, pour une mission foireuse. Il y revient à présent, sous un faux nom, pour frotter ses désirs secrets à une réalité méconnue. Avec son vrai visage, fardé d'un blanc lunaire, son éternel chapeau abandonné à son autre vie.

Peut-on avoir un coup de foudre pour la déliquescente amertume d'un fruit trop mûr ? Il faut croire. Il pénétre aujourd'hui dans ce monde en marge avec le frémissement du puceau retirant la jupe d'une fille à soldat, à même la boue du champs de bataille. L'angoisse et l'exitation lui nouant les tripes.

Plutot grand pour l'époque, les épaules bien découplées, un reste d'innocence campagnarde dans ses mouvements et expressions. Un goût démesuré pour la boisson, acquise dans les campements à soudards, et son honneur, sont ses principaux défauts. Il n'a quasiment aucune expérience des femmes, et les traites avec un respect exagéré quel que soit leur rang. Il est prompt à admirer les hommes, nobles ou assassins, pour peu qu'ils est l'honneur du coeur, fut-ce l'apparence. Une fois sa parole engagée, il mourra plutôt que de revenir dessus. Du moins c'est ce qu'il croit. Un grand naïf prêt à glisser sur la pente des vices.

Il a de vieux rêves d'égalité, et une grande rage contre l'église. Un goût prononcé pour le pouvoir, innavoué. Ainsi est Marlowe's, jeune et pétrie de contradictions comme tout un chacun.

Agneau pénétrant chez les loups ? Sans doute, mais parfois les crocs sont moins loin qu'on ne le croit. Ils peuvent avoir l'apparence d'une longue dague effilée, douillettement glissée dans une gaine, acier bleuit et mailles de Damas, mince bouclier enserrant sa peau, à l'avant-bras droit. Ben oui, il est gaucher.
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