dimanche, juillet 09, 2006

Perséphone

Le cadavre trainant lugubrement derrière elle en un affreux frottement tressautant sur les pavés, elle arriva enfin devant l'embrasure des Catacombes, et de nouveau, elle l'admira, souriant d'un air sombre, avant d'en passer l'huis en murmurant comme chaque fois.

Hadès... Je suis rentrée...

Et comme chaque fois, les enfers ainsi appelées ne se montraient pas, la rendant excédée, pourtant ne le montrant pas. Hadès en serait bien trop satisfait. Son subordonné était des plus vils et mesquins. Il aimait dépecer les derniers morceaux de peaux d'un être voué à la mort.

Elle l'aimait cet Hadès, car grâce à elle, la mythologie avait changé. Perséphone attirait dans ses ombres un serviteur des plus horrifiants et mal embouchés. Un être rejeté de tous par sa difformité, dont le crâne luisant de sueur et de crasse toujours l'attirait d'un baiser. Elle le trouvait si bas, si terrifiant dans toute sa vilénie qu'elle ne pouvait s'en empécher.

Mais toujours elle ne désirait qu'une chose... Le frapper, l'insulter de ses compétences si piètres, de son acharnement pas assez servil et de son insubordination, qui toujours la rendait hors d'elle. Alors ses yeux s'écarquillaient, sa main se levait et...

Mais en cet instant elle avait besoin de ce nain ventripotent pour qu'il l'aide à rentrer ce corps en sa derniere demeure de la facon la plus décente possible. Sans la peau, juste les os.
Son murmure se transforma en un léger hurlement, toujours plus sombre...


HADES!

Le corps derrière elle tomba d'une marche, puis de deux. Les catacombes s'ouvraient sous eux et d'un pas lent et mesuré elle progressait en son antre, en cette antre qui portait le nom de son serviteur. Cet antre de dernière demeure qui laissait en chaque dos un fin filet de sueur.

Le crochet de sa faux planté dans la tunique du mort s'enfonca un peu de dépit en la peau du corps. Elle s'arrêta ainsi, prenant appui sur sa faux, se redressant de toute sa hauteur, la tête rejetée en arrière, un sein blême saillant hors de sa tunique arachnéenne. Ainsi cambrée, elle semblait l'allégorie de l'appel d'une mort.

Et comme à chaque fois, de toute sa lugubre folie, un cri passa le seuil de ses lèvres, plaintif, sombre et maladif, amoureux mais haï, avilissant de cet être qu'elle commandait sans arriver à canaliser chacune de ses pulsions destructrices
.

HADES!!
_________________

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

I like it! Keep up the good work. Thanks for sharing this wonderful site with us.
»

10 août, 2006 14:33  
Anonymous Anonyme said...

I like it! Keep up the good work. Thanks for sharing this wonderful site with us.
»

16 août, 2006 01:10  

Enregistrer un commentaire

<< Home