mardi, septembre 26, 2006

Hommage à Garnulf d'Emyriel

Emyriel d'Agonac! Ca sonne bien! Ca sonne fin! Ca sonne comme un aigrefin! J'aime la noblesse qui caresse les fesses d'un vent de liesse d'une grande paresse.
Quand les Argentais et mon Angie apprendront cela, c'est une révolution que j'engagerai au doux nom de la liberté gueuse et opiacée! Autrement dit... trouvons les idiots d'en bas et donnons leur le tuyau pour emboucher l'nobliau et choper ses terres d'un revers!


Quand il arriva en ville, tout le monde changea de trottoir, c'était plus facile à vivre, il faisait peur à voir. Ce nouveau blason, arboré fièrement sur le coin de son pourpoint, laissait étonné les passants, les badauds et mendiants gratifiés pour leur plus belle raison d'un rond d'opiacé d'une toute irraison.
La claire fontaine coulait au loin, tonitruante et rassemblant les habitants d'Argentan, habitantes souvent, lavant linges et frusques de leurs maris, et s'échangeant commérages de l'aujourd'hui.


- Le Bourrel?
- le gros lard?
- oui! Tu sais, celui qui faisait roter son corbeau!
- Le gros Gras gnouf?
- il est...


Emyriel n'entendit pas la suite. Trop occupé à ses ronds de fumées, il passa outre toute cette agitation et continua son chemin, se disant que les commères d'Argentan feraient mieux de laver les vêtements plutôt que les user à coups de frottements à force de trop parler sans faire attention à leur labeur de dérision.
Un froissement d'ailes se fit entendre par delà ses brumes opiacés. Un croâssement soudain, et Emyriel fit volte face, le sourire aux lèvres.


Eh Dubige! Quant on parle du loup! IL arrive! J'aurais pu t'sentir à des kilomètres, outre avinée! Tu sais quoi? Je me suis fait annobl... Gras Mufle?

Mais c'est un corbeau fatigué qui vint se poser sur son épaule. Le bec baissé, les plumes collés par le vin garnulvien souvent postilloné sous les invectives échangées avec le piaf noiraud aux allures décharnées. Emyriel blémit soudain, le corbeau croâssant à son oreille, d'une mélodie noire et plaintive, crécelle et peu vive.
Se précipitant presque vers la fontaine, se penchant par dessus le miroir liquide, il murmura entre ses lèvres, crispant ses dents sur sa pipe.


- Vous disiez pour le bourreau? Le gros naze aviné...
- On l'a retrouvé mort, la bedaine gonflée... C'sac à vin trancheur de cous a eu c'qu'il méritait.


Le regard vide, les oreilles bouchées d'un coup, sifflantes et calées sur un "mort...mort...mort", Emyriel passa sa main contre le plumage du corbeau, comme s'accrochant à la réalité soudaine, si accablante, si délurée, si attristante...
Un noble ne pouvait se permettre de dévoiler ses émotions face aux gueux, et sa pipe rangée en sa cape, le regard embrumé, mais pas d'opiacés, Emyriel se dirigea vers l'orée des bois, trouvant un arbre complice d'une tristesse naturelle, choyée par un souvenir d'une éternelle amitié, rapportée par un corbeau croassant tel un pleur, et pourtant ammenant les relancs d'un Garnulf à présent trépassé.


Bon sang! Bige! Toi qui était guerrier! Pourquoi as-tu choisi de mourrir par le vin et non les armées, déferlantes sur ton esprit, sur ton corps aviné, avant de brandir cette épée, cette hache, tout ton râtelier, confiant aux corps de tes ennemis les chants des lames effilées!Personne aux alentour... une larme... un sanglot... tout un fleuve, versé contre le tronc d'un arbre, mélant l'écorce au sel d'yeux embrumés, mais ne se tarissant jamais, souillant l'âme à toujours d'une teinte de tristesse, perte d'une amitié.
Pourquoi me laisses tu cette carcasse de volatile? J'ai toujours rêvé de m'en faire un fumé, et voilà que la prunelle de tes yeux se confie à moi, tel un suicide trop parfait? Mais je ne te ferai pas ce plaisir! Je continuerai en cet honneur que tu n'avais, à l'insulter de tout mon mépris, à lui offrir du vin d'arraché, pour que les quoquerets et les biges, envient son sort chargé de méfaits!

Garnulf... mon ami... pourquoi en as tu décidé ainsi? Le vin ou la vie? La vie ou le vin? Tes priorités ont toujours été incomprises... Puisse ton dernier verre avoir été le plus goutû car s'il t'amène au ciel, c'est nous tous qu'il tue.
Repose en paix, toi qui aimait tant l'agitation. Repose en paix, un jour nous te rejoindrons...Puisse ces épées ornant mon blason, être le signe des tiennes et de mon souvenir éternel de toi, de moi, et de nos litiges incessants...Tu vas me manquer...


Longtemps encore il resta hébété, en larmes, avant de se décider enfin à rejoindre le Lys Argenté. Une pipe tremblante entre ses lèvres exsangues, chargée plus que raisonnablement, et se rendant compte d'un surplus, il tourna la tête vers le corbeau Les Serres perché sur son épaule et d'un clin d'oeil attristé, sourit pourtant et murmura tout en débutant son cheminement enfumé.

Alors... l'alcool mon emplumé, c' n'est plus ce qu'il te faut. Je vais t'apprendre la joie des sifflements de fumée. Tu vas a-d-o-r-e-r...

Amertume mal masquée, il retourne en ses brûmes, le coeur chagriné.

Ah l'enfumé! Nono...
...
...
Je t'ai tout dit... tu sais... tu vas me manquer. Du début à la fin on a été complices, du début à la fin on a fait régner le vice.
C'était un vrai délice...
M'laisse pas avec tout ces gueux! Allez!
Rolling Eyes
Porte toi bien mon ptit père... et comme à beaucoup de gens respectés, tu resteras pour moi un "artiste" comme tant et tant de RPistes qui ne méritent qu'admiration et respect. Tu ne seras jamais oublié, tu peux me croire.
Le reste, je t'ai tout dit en privé hein, on va pas chouiner devant tout le monde, ca ne se fait pas Wink
Bosse bien, reviens, et continue à t'amuser autant que tu nous as amu... non ca fait une répétition... que tu nous as diverti!

Trace ton chemin dubige, et t'es pas si mal pour un québecois... Rolling Eyes