mardi, septembre 26, 2006

Anoblissement d'Emyriel


Mnemosyne avait rattrapé la pipe au vol, habituée qu'elle était à intercepter des projectiles divers et variés. Sa haute taille la faisait dépasser de la foule et lui permettait de ne pas perdre une miette de la cérémonie.
Elle était venue, invitée par son ami Emyriel, pour le voir aujourd'hui recevoir les honneurs qu'il méritait. Pour l'occasion et une fois n'est pas coûtume, elle avait revêtu ses plus beaux atours, une longue robe de soie blanche remplaçait ce soir ses habituelles cuissardes et ses braies. Un ruban du même colori ceignait son cou et elle avait remonté ses cheveux d'un blanc immaculé en un chignon compliqué. Dans sa main elle serrait, bien cachée, un ambre sertie.
Elle le regarda et l'écouta, souriant à son discours toujours si particulier, si embrouillé, mais quand on savait écouter, plein de vérités cachées. Elle savait, à peine moins qu'Angelo, à quel point cet homme sous des dehors d'enfumé inconséquent, cachait des trésors de bonté d'âme et de sincérité.
A cet instant elle fit un voeu, celui qu'il demeure toujours ainsi, que jamais la noblesse ne lui monte à la tête.
Elle craignait de perdre un ami exactement de la même manière qu'elle avait perdu l'amour de sa vie.

Elle entendit une petite bonne femme râler derrière elle, disant qu'elle lui cachait la vue. Souriante, elle recula légèrement, écrasant du talon le bout du pied de la brave dame.
Un cri fusa.