mardi, septembre 26, 2006

Anoblissement d'Emyriel

C'te classe d'enfumés!

Emyriel s'avança, écartant ses fumées, ainsi que rideaux de velours rouges et bariolés, à moins que ce ne fusse la teinte de ses brumes. La salle du trône était nouvelle pour lui. Tout ce chemin pour un fratras luxurieux! Mazette quelle ironie! Il n'aurait jamais cru voir tel faste accordé sauf au Lys argenté.
Parmi les invités, il tenta trouver Angelo, sa belle tenancière, sans succès. Les tremblements légers de sa pipe entre ses lèvres marquaient sa nervosité, bien que légère, toujours présente, et bel et bien avouée.
Un sourire de ci de là, il baissa le regard sur ses vêtements dépareillés.

Un pourpoint argenté, lui rappelant le Lys, une épée à ses côtés, dont il n'aurait jamais l'utilité. Des braies plus collées que n'importe lesquelles qu'il eut jamais portées. La dernière mode à Paris! Angie lui avait assuré. Mais à part à la cour des Miracles, il n'aurait su si cela était vrai.
Relevant le menton, il plongea son regard en dedans celui du Comte, cet homme affable, légèrement efféminé, au sourire discret mais à l'allure noble.

Les Us n'étaient pas réellement siens, mais il tenta les respecter, posant un genou à terre au bas des marches face au trône, il soupira un court instant, avant de se rendre compte de sa pipe toujours fumée. Vite, à l'arracha à ses lèvres et la balanca dans la foule en disant.


Gardez-moi ca! Et prenez en soin! Bientôt, elle ornera mes nobles lèvres si tout va bien!

Réajustant sa genuflexion, toussotant légèrement, il tenta se rappeler le fameux texte d'allégeance... mais les mots s'étiolèrent comme mille fleurs enfumées, et c'est le regard ennuyé qu'il resta un instant en sa mémoire embrumée.
Puis haussant les épaules, il déclara tel que tout lui venait:


Moi, Emyriel d'encore rien du tout, vient en ce lieu, en cette journée... enfin il fait plus nuit qu'autre chose maintenant, mais je viens quand même, pour prêter serment d'allégeance au Comte Duglin...duge...glin...de ces terres, afin de l'aider en sa lourde tâche de noble, et d'en devenir un moi même, mêlant vie de pacha et prises de vue d'en haut sans jamais m'en lasser, et cherchant les fumées dans le ciel tout en haut plutôt qu'en rasant les brouillards dépareillés d'en bas.
En gros, si je suis ici, c'est pour devenir Seigneur Lige des terres accordées, servant les Royaumes en toute fidélité, et offrant ma vie pour la justice et l'honneur d'un inconscient tronant et pourtant Grand Seigneur.
Emyriel à votre service, sera un pur délice.


Baissant la tête tel la victime attendant le coup de grâce du bourreau, Emyriel sourit et inspira sans fumée pour un temps, espérant que sa pipe n'était tombé sur une fumeuse invétérée qui lui soufflerait tout le contenu d'un sachet avant même qu'il n'ait eu le temps d'embrasser sa nouvelle noble attitude qui n'aurait su tarder... si tout se passait tel que cela le devait...
L'épée se posa là où elle le devait, et Emyriel attendit patiemment, la suite des évènements...